Le Design Sprint, on en est fan. Et ça, si vous ne l’avez pas compris en lisant notre article précédent, il ne vous reste plus qu’à y retourner !
Mais, au fur et à mesure de notre avancée sur le chemin de la sagesse, nous avons décelé plusieurs points qui nous ont troublés : et si le Design Sprint avait des limites, voire même – osons – des défauts ? SCAN-DA-LE, nous direz-vous ! Attendez, attendez, avant de nous condamner au bûcher…
Dans cet article, nous allons vous expliquer pourquoi nous sommes brouillés avec le Design Sprint, surtout lorsqu’il est appliqué tel quel aux larges PME et aux grandes entreprises !
1– Le Design Sprint ou comment vous demander le beurre, l’argent du beurre et le… (stoooop !)
Nous l’avons constaté, le format en 5 jours du Design Sprint, pensé pour l’agilité des start-up, s’adapte mal aux moyens et grands groupes.
Certes, le déroulement des journées, en commençant à 10h, en allongeant la pause déj’ ou en finissant à 17h, par exemple, peut prendre en compte le besoin d’ouvrir les e-mails urgents, de gérer des aléas professionnels et de répondre à des demandes expresses.
Mais, dans ce cas, les équipes mobilisées ne sont pas totalement, corps et âme, disponibles et ouvertes à l’innovation et à la recherche de solutions puisqu’elles gardent leurs tâches « habituelles » dans un coin de leur tête et se précipitent sur leurs ordinateurs à chaque pause pour « ne pas prendre trop de retard ».
En fait, cela se comprend ! On vous voit mal répondre à vos collègues stressés et à vos clients impatients : « Non, je ne suis pas joignable de toute la semaine, je vais coller des post-its pour trouver des solutions à un problème qu’on n’a pas encore identifié. » Difficile dans ces circonstances de créer un climat propice à l’émergence de nouvelles idées !
2– Mobiliser des participants aux profils pluriels donc riches, oui mais…
Ça, c’est un pré-requis de toute démarche de recherche de solutions, nous ne cesserons jamais de l’affirmer : il est nécessaire de réunir plusieurs métiers, plusieurs personnalités, plusieurs compétences autour d’une même table pour que de la diversité, naissent les idées. Cela veut donc dire jongler avec des emplois du temps différents, des urgences différentes, des priorités différentes. Et nous pensons qu’harmoniser tout ça est proche de la mission impossible.
Et on ne vous parle même pas de la nécessité d’avoir un décideur « bloqué » dans la pièce pendant 5 jours… Pourtant, c’est essentiel pour acter les idées qui émergent et qui sont testées et pour trancher.
La solution la plus souvent adoptée dans ce cas de figure est de faire venir le décideur uniquement le jour précis de la prise de décision. Mais cela biaise alors l’idéation car son jugement ne s’appuie pas sur le processus de réflexion mené par les équipes pour aboutir. Et des frustrations peuvent surgir du fait d’avoir peu de temps pour présenter et faire acter un projet qui tient à cœur (le fameux « c’est mon bébé ! »).
3– Y a-t-il des experts dans la salle ?
Le Design Sprint part du principe que vous réunissiez autour de la table des experts de leur métier. Bien entendu, c’est souvent le cas mais dans le cadre du projet innovant d’un grand groupe, le sujet est en général… nouveau !
Ou du moins, il doit l’être puisque l’idée est de trouver une solution qui vous ressemble mais aussi qui vous offre la possibilité d’apparaître comme novateur et facilitateur aux yeux de vos clients et de vos prospects.
Deux problèmes s’annoncent alors :
- L’équipe que vous avez réunie pour le Design Sprint peut donc être de grande qualité sans toutefois connaître toutes les possibilités, toutes les ramifications, tous les projets de l’entreprise dans une vision suffisamment large pour penser à la fois corporate et innovation.
- De même, elle peut ne pas maîtriser tous les rouages de ce nouveau sujet, l’état du marché et surtout les besoins de l’utilisateur.
Ce qui nous amène au point névralgique de notre brouillage avec le Design Sprint…
4– Pas assez user centric…
Le Design Sprint a été conçu pour des start-up déjà avancées, qui ont donc déjà une bonne connaissance de leurs utilisateurs et de leurs usages.
Or, ce n’est pas le cas ni dans les grands groupes, ni dans les start-up qui débutent. Encore moins dans le cadre de la création d’une solution innovante ! Dans cette méthodologie, censée faire émerger des solutions pour des problématiques clients identifiées, il n’y a de tests utilisateurs que le dernier jour. Pas d’interviews, pas de recherche, pas d’exploration en amont…
Le risque est donc de se lancer en J1 sur une problématique qui n’a, en réalité, pas d’intérêt du point de vue utilisateur. D’autant plus qu’elle est supposée par des experts métier qui ont la tête dans le guidon…
Et le pire est de ne s’en rendre compte que le dernier jour… Dommage, non ? Sauf bien sûr, si vous aimez perdre votre temps !
Le premier jour, vous allez, avec votre équipe complète de personnes confrontées tous les jours aux problèmes de vos clients et proches des sujets, vous poser les questions auxquelles vous aimeriez répondre pour trouver des solutions pertinentes aux attentes de vos utilisateurs.
Mais ne manque-t-il pas clairement quelqu’un dans ce processus… ? Eh bien oui, justement vos clients, vos utilisateurs, aka les personnes qui utiliseront in fine votre solution, pour qui vous voulez penser cette solution !
En somme, ce que nous reprochons au Design Sprint, c’est de pas prendre le temps d’inclure les clients dans le processus. Parler à vos utilisateurs en amont de la réflexion pour comprendre quels sont réellement leurs problèmes et comment vous pourriez les résoudre est essentiel à la conception d’une solution efficace et impactante !
5– Le prototypage forcé, contre-la-montre contre-productif
La méthodologie Design Sprint vous impose de faire un prototypage en une journée, ce qui nécessite des ressources humaines internes, présentes et compétentes, comme des designers, des programmeurs, etc.
Or, ce n’est pas toujours le cas, car le produit est souvent “nouveau”. Les personnes ne sont pas toujours disponibles au pied levé (même avec beaucoup de planification) et surtout elles n’ont que très rarement “l’état d’esprit prototypage”.
En effet, prototyper un produit en une journée demande de l’expérience pour se concentrer sur l’essentiel et produire une façade répondant aux exigences de l’idée à valider.
Par ailleurs, si vous y parvenez en une journée, votre façade sera certainement très belle. Mais pensez que, parfois, il aurait juste fallu peu de temps en plus pour réaliser un produit fonctionnel et plus facile à tester pour valider la solution.
Dommage de s’en priver donc ! Et d’expérience, dans un milieu corporate, c’est tout de même mieux pour conduire des bêta-tests concluants.
Les bêta-tests ? Tiens, là aussi on a quelque chose à dire…
6– Le bêta-test (tests utilisateurs) : dernier jour du reste de la vie de votre produit
En théorie, dans le Design Sprint, on prévoit, le lundi ou le mardi soir, des tests utilisateurs pour le vendredi matin afin de prouver la solution trouvée.
Mais, dans la pratique, il n’est vraiment pas évident de trouver au moins 5 utilisateurs disponibles à des heures de bureau (surtout si vous êtes sur un créneau B2B), correspondant aux profils-cibles et en les prévenant 3 jours avant… Sauf bien sûr, si vos prospects sont tous retraités et vivent dans un rayon de 50 km autour de votre bureau.
Trêve de plaisanteries, l’heure est grave car on se retrouve souvent à faire des tests sur des gens qui ne sont pas vraiment dans la cible, ou en interne, et on n’atteint pas l’objectif recherché.
Par ailleurs, on prend le risque qu’en cas de non-adéquation entre les utilisateurs et la solution trouvée, il faille jeter à la poubelle une semaine entière de travail et tout recommencer à zéro. Rien de plus décourageant après avoir tant donné !
Psssst ! Pour lire notre article sur comment conduire un bon bêta-test ou user testing, c’est par ici : (coming soon).
Pour conclure… ce que nous proposons à la place !
Le Design Sprint est donc une méthodologie exceptionnelle que nous aimons beaucoup et qui nous a largement inspirés, mais non sans défauts. Pour toutes ces raisons, on ne le recommande plus en entreprise. Et on a conçu une méthode plus adaptée qui répond point par point à tous ces problèmes !
Nos workshops STFU sont proches du Design Sprint, nos journées sont tout aussi remplies, mais nous avons condensé le temps de travail sur 2 jours, sans interruption (en dehors des pauses pour répondre aux e-mails importants) et avec tout le monde dans la salle ! Même le décideur.
Nous réservons le bêta-test pour plus tard, une fois la maturité de la solution atteinte et nous apportons, à notre démarche, un complément : l’exploration, pour une approche plus user-centric. Notre format de workshop commando s’adapte donc mieux aux larges PME et aux grands groupes !
Il ne vous reste plus qu’à lire ce que nous proposons dans les workshops commandos de Start The F Up qui ont tout d’un Sprint… en apparence !
On vous dit tout de notre workshop commando dans cet article : (coming soon)