In our humble opinion : “Tout consultant en innovation qui se respecte doit lire Sprint, de Jake Knapp”.
Dans cet article: on vous explique pourquoi, ce qu’on adore, ce qui nous a inspiré et ce qu’on en a retenu.
Le Design Sprint, c’est un processus de 5 jours complets sans interruption qui permet de trouver une solution pertinente pour vos clients, de la construire et de la tester.
Cette méthodologie, conçue par Jake Knapp, Google et Ventures et la Stanford Design School a fait ses preuves sur des centaines de startups, depuis des e-commerces de café, jusqu’aux foreuses industrielles.
En suivant le déroulé d’un Design Sprint, vous aurez l’occasion de sublimer l’intelligence collective dans la salle et de permettre le mélange des connaissance et idées de chacun. Vous serez forcés à penser les étapes de création d’un produit avec empathie, idéation et test :
- Empathie : vous mettre à la place de la personne pour laquelle vous allez construire la solution.
- Idéation : créer la meilleure solution (pas la 1ère idée), et laisser chaque personne dans la salle créer (pas seulement les UX designers, développeurs et graphistes…)
- Test : essayer votre solution avec votre client, et récupérer ses retours.
Cela vous semble évident ? normal : le Design Thinking n’est que du “bon sens, appliqué”. Mais trop souvent oublié !
Le Design Sprint, c’est un guide pour savoir comment le mettre en pratique.
C’est surtout un format très cadré qui minimise la perte de temps en discussions inutiles: finies les batailles sans fin pour savoir qui a la meilleure idée (parce que vous l’aimez votre idée, on le sait).
En une phrase : “les brainstormings ne marchent pas… place aux Sprints!”
Mini-résumé
(Pour un résumé du livre plus complet: lisez l’article de David Flak, co-fondateur STFU, ce bon résumé en anglais, ou cette vidéo)
- Préparation : Définissez le problème sur lequel vous allez travailler et constituer la bonne équipe pour ça !
- Jour 1 : Dessinez votre customer map et définissez l’objectif à atteindre.
- Jour 2 : Proposez tous des solutions et dessinez-les.
- Jour 3 : Ensemble, décidez de la bonne solution, et faites-en un storyboard plus complet
- Jour 4 : Prototypez-là de façon réaliste
- Jour 5 : Testez avec des clients !
À l’issue de ces 5 jours, vous obtiendrez les très précieux “retours utilisateurs”, et vous pourrez analyser si la solution que vous avez construite est pertinente, ou si vous devez préciser des choses, voire recommencer.
C’est un cadre très efficace, et parsemé de plein de bonnes astuces, applicables même en dehors d’un sprint. On vous présente ici ce qu’on en retient sur deux points clés:
- L’organisation: équipe, experts, timing, matériel et lieu
- La méthode: cartographie, idéation, storyboard, prototypage
(Attention, le Design Sprint n’est pas non plus une formule miracle, découvrez ses limites dans notre article : “Why Design Sprint isn’t for corporates?”.)
L’organisation
Un bon Sprint vous force à être bien organisé ! Les étapes et les règles pour bien dérouler votre Sprint en temps que facilitateur sont claires et justifiées.
La bonne équipe
Réunir la bonne équipe dans la salle du Sprint est essentielle. Trouver les bons talents, le décideur et s’assurer que chacun remplit un rôle complémentaire va propulser votre Sprint dans la bonne direction.
Pour cela, il vous faut : 1 décideur et 6 samouraïs. Attention: inviter plus de monde diminue l’efficacité du Sprint !
Le décideur
C’est la personne qui prend la décision finale. Il arrive que les décisions n’atteignent pas de consensus et c’est normal. Mais arrive un moment, où il faut en prendre une, et c’est la charge du décideur.
Cela évite de perdre du temps à crier plus fort que son voisin… Ou pire, de passer 5 jours sur un Sprint pour voir le décideur changer de direction 2 mois plus tard, car il n’a pas eu la possibilité de le faire le jour-J.
Notamment dans le cadre d’un projet “corporate”, le décideur est souvent le sponsor du projet. C’est la personne qui va pousser le projet et qui cherche à en assurer la réussite.
Elle ne peut pas toujours participer au Sprint, mais elle va demander à en voir les résultats et prendra la décision finale. Il FAUT donc s’assurer que cette personne soit présente lors de la prise de décision !
En particulier le jour numéro 3 (décision de la piste à prototyper) et à la fin du jour numéro 5 (analyse des retours utilisateurs et définition des next steps).
Vos 6 samouraïs
Ils sont les personnes que vous invitez au Sprint. Elles doivent chacune avoir une compétence particulière et leur travail quotidien doit toucher au problème posé pendant le Sprint.
Exemple : si vous faites un Sprint sur votre nouveau eCommerce, vous aurez besoin de personne en marketing, vente, conception des produits, service client, suivi des commandes, etc.
À vous de juger des bons profils selon votre Sprint.
Tip : assurez-vous que les personnes qui utiliseront directement la solution en interne avec les clients soient dans la salle, ou leur manager.
Les experts
Ces intervenants ponctuels sont les personnes qui connaissent en détail une partie pertinente du thème de votre projet. Par exemple, un gestionnaire de compte saura parfaitement vous parler de vos clients ; de leur raison d’achat, du parcours client ou de leurs frustrations.
Les experts ont une vision du secteur, des clients, de l’écosystème comme personne et apporteront des informations capitales pour ne rien oublier dans les problèmes que vous essayez de résoudre. Identifiez-les, et mettez-les autour de la table ! L’objectif est de transférer leur cerveau dans le votre pendant 5 jours.
Rappel + Tip : La taille idéale de votre équipe est de 7 personnes. Si vous avez besoin de connaissance supplémentaires, faites intervenir ces personnes en qualité d’experts. Vous devrez aussi vous assurer que vos experts amènent une connaissance complémentaire et adaptée au projet.
En cinq jours, en un lieu, un seul fait accompli…
Le temps et le lieu
Un Sprint est millimétré, cadré et rythmé: toute l’équipe travaille dans la même salle, sans distraction et sur un rythme soutenu. C’est hyper important car chaque discussion compte et sera noté au post-it par le facilitateur pour référence.
Une journée type de Sprint s’étale de 10h à 17h, avec des pauses régulière (pour pouvoir tout de même gérer ses mails en retard avant et après).
Ca donne ça :
Chez STFU, on modifie un peu ça…
- On applique un temps d’accueil tampon, largement justifié avec des latins comme nous et on donne donc rendez-vous à 9h 😉
- À 9h30, on présente la journée de travail, et on démarre !
- On tient nos pauses religieusement et on finit la journée en temps et en heure (enfin presque toujours 🙈)La règle des “ni-ni-ni” du Design Sprint est excellente, et on l’applique à-la-lettre: Ni ordinateur, ni téléphone, ni tablette !
Les conditions de travail
L’intérêt de se tenir à ces règles n’est pas anodin… Le simple fait de se retrouver dans une salle, en personne et sans distraction va permettre à la dynamique du Sprint de se lancer naturellement.
Après le 1er jour, vous n’aurez plus en tête que le problème à attaquer, et serez à la fois plus efficace et plus ouvert des idées des autres.
La War room
Une war room c’est simplement une salle remplie de post-its sur les murs avec vos idées, vos réflexions, vos mappings et vos analyses. Chaque personne dans la salle pourra à tout moment se référer au morceau d’information adéquat pour nourrir sa réflexion !
Les fournitures
On se tient à une liste de fourniture simple : post-its, marqueurs, stylos, feuilles: A4, A3, scotch et rouleaux de papiers kraft pour accueillir les post-its.
La méthode
La méthode de Sprint nous a beaucoup inspiré. Points à retenir :
La carte utilisateur
Une fois le problème à résoudre cerné, regardons-le du point de vue de l’utilisateur.
Quelle sont les étapes clés par lesquelles il passe aujourd’hui ? Que se passe-t-il à chaque moment précis ?
Prenez des post-its, écrivez les étapes et agencez-les sur votre papier kraft pour avoir, devant vous, une carte complète du parcours utilisateur tel qu’il est aujourd’hui :
- Les acteurs présent dans le parcours
- Les actions de chaque acteurs pas-à-pas
- les interactions entre chacun des acteurs et leurs actions.
- et enfin, les problèmes identifiés à chaque étape
Après un bon temps de réflexion et de travail, vous devez arriver à quelque chose comme ça :
La carte utilisateur est essentielle à la suite de votre Sprint, car elle vous permet de comprendre les points névralgiques des actions, étapes clés par lesquelles passe votre utilisateur.
Et si en lisant ces lignes, vous pensez : “non, mais c’est bon, moi je les connais les étapes.”
C’est probablement faux… vous avez très probablement une vision globale des étapes.
Cet exercice permet de les identifier en détail, et de comprendre les points cruciaux qu’on aurait pu manquer en étant trop générique.
NDLR : C’est aussi le moment que vous devez choisir pour faire intervenir les experts, et recueillir leur précieux savoir qui va souvent enrichir et challenger la carte 🧐
Tip 💡: Pour les projets ayant une composante spatiale (parcours de bagage dans un échangeur, arrivée aux urgences…) la carte peut-être un plan de la zone avec les étapes.
La formulation en “How Might We…”
Le Sprint va vous obliger à formuler vos idées en post-it “How Might We…”. Littéralement traduit par : “Comment pourrions-nous…” Vous allez rassembler les problèmes identifiés et les reformuler avec cette technique.
Quelques exemples :
- HMW… améliorer la navigation dans notre app ?
- HMW… changer l’expérience de paiement de nos clients ?
- HMW… accélérer la vitesse de livraison de nos produits ?
- HMW… changer l’expérience en magasin dans notre rayon pâtisserie ?
Cet exercice permet d’homogénéiser le rendu de vos idées, et surtout de les formuler en terme d’opportunité plutôt qu’en terme de solution, ou mot-clef valise. C’est une très bonne technique de prise de note en groupe.
L’idéation (avec le « 4-step-sketch »)
Le mardi du Sprint est un moment qu’on adore chez STFU ! Afin de libérer la fibre créatrice de tout un chacun, les techniques proposées sont hyper-efficace, testées et validées 🙂
La phase d’idéation se fait en 4 étapes, que nous suivons religieusement.
- D’abord, rassembler les idées :
A ce moment, vous aurez compilé les informations essentielles sur votre utilisateur sur votre carte utilisateur. Vous allez donc regarder votre War Room, scruter chaque post-its et prendre en note les parties et morceaux d’information qui vous paraissent essentiels et que vous voulez conserver à disposition.
- Ensuite, croquer vos ébauches :
Prenez une feuille A4 et commencez à écrire ce qui vous passe par la tête pour la solution idéale à votre problème, dessinez les parties dessinable, notez dans le coin de la feuille les informations importantes, mettez des points d’exclamation, soulignez en rouge, faites des schémas, des flèches, des parcours, etc.
- Le Crazy 8 :
Prenez une feuille A4. Pliez-la en 2, 3 fois. Dépliez-là entièrement. Vous avez maintenant 8 cases de taille égale. Sortez une minuterie, réglez la sur 8 minutes. Prêt ?
⏱1 minute, 1 case –> 1 solution à votre problème !
L’objectif de cet exercice est de mettre votre cerveau sous stress, un stress créatif. Pas de honte, pas de regard ; les solutions que vous dessinez sont pour vous uniquement. Mais à la fin de cet exercice, vous serez parfaitement armé pour continuer votre phase d’idéation avec un cerveau en pleine ébullition, prêt à faire jaillir vos meilleures idées.
Aaaaaah, qu’est-ce qu’on aime cet exercice ! ❤️Ca parait gadget, mais bien préparé, il est fort possible que ce soit la 7ème case “absurde” du tech silencieux dans son coin qui devienne la solution choisie pour votre projet… (true story)
- Finalement, esquisser :
Dessiner fait peur lorsqu’on n’a pas un coup de crayon naturel… Sauf dans le cadre d’un Sprint.
Pas nécessaire d’imaginer les détails d’un logo, ou encore quelle sera l’image exacte, mais plutôt de montrer l’expérience que va vivre votre utilisateur par des formes et le texte adapté. Soyez précis dans le texte, c’est le plus important !
Alors pourquoi dessiner et non pas simplement écrire ? Car les dessins sont éloquents et simple à comprendre, ils permettent de “transformer des idées abstraites en solutions concrètes”.
La prise de décision avec les heatmaps
Votre phase d’idéation finie, chaque personne aura dessiné sa solution idéale de son côté. Vous devrez donc prendre une décision.
Pour la prise de décision, rien de mieux que les heatmaps (ou carte des chaleurs 🔥): Une fois les solutions accrochées au mur, chaque personne va se munir de petites gommettes autocollantes. Vous allez passer devant chaque croquis, et va y apposer une gommette sur chaque élément que vous appréciez et que vous trouvez pertinent.
Cela forcera une lecture active des solutions !
A la fin, vous aurez une jolie carte des chaleur représentatives des éléments préféré de tous les acteurs du Sprint.
Le storyboard
Des morceaux de solution de tous les participants sont affichés sur les murs, et vous comprenez qu’en les combinants les uns aux autres, vous pourrez apporter de la valeur.
Pour cela, construisez un storyboard.
C’est une bande-dessinée de votre solution et de son parcours, avec chaque étape. C’est un exercice très concret qui va vous permettre de voir toutes les étapes de votre solution avant de la prototyper (un peut l’équivalent de la carte utilisateur, mais du point de vue de votre solution)
Prenez des feuilles A4, ou encore tracez des rectangles sur votre tableau blanc comme dans une bande dessinée, puis commencer à dessiner dedans les étapes importantes de votre solution. A vos crayons ✏️
Ca ressemble à ça :
Cet exercice apporte beaucoup de valeur dans la confection de solution complexe. Faites-le en équipe si vous le jugez nécessaire.
Nous ne recommandons pas toujours de le faire en équipe, par contre nous le faisons à chaque fois individuellement d’abord. Il permet à chaque personne de réfléchir, non pas en terme de fonctionnalité, mais en terme de parcours. Lorsque vous allez penser parcours, vous allez enlever des fonctionnalités, des écrans et faire des choix qui vous feront vous concentrer sur l’essentiel.
Personne, même celui qui avait “plein d’idées de fonctionnalitées” n’a envie d’avoir un parcours à 14 étapes pour une solution “simple et ergonomique”. (Coucou Microsoft 🙌)
Choice is an illusion, created between those with power, and those without.
The Merovingian (The Matrix Reloaded)
Le prototypage: la façade
Peut-être la partie du livre que nous trouvons la plus inspirante et que les gens ont le plus de mal à comprendre.
Le prototypage peut prendre plusieurs formes et plusieurs significations. Mais si nous devions y donner UNE définition, ce serait celle de “la façade” : toute stratégie qui permet de faire un test réel d’un produit, sans construire ce produit réellement.
Créer une façade de votre solution va vous permettre de tester rapidement devant des utilisateurs et de recevoir les premiers retours, sans y avoir passé des mois.
Note : Il ne s’agit pas ici de mentir sur ce que vous vendez, mais plutôt de créer quelque chose qui ressemble à la réalité (sans être forcément fonctionnel, scalable, sécurisé ou automatisé dans un premier temps).
On ne va pas décrire ici toutes les formes que peuvent prendre un prototype. Cette section du livre fait plusieurs dizaines de page, et nous aurions de nombreux compléments à y apporter. D’ailleurs on a décidé d’y dédier un article complet !
Si vous voulez prototyper votre solution et ne savez pas comment vous y prendre. Nous vous proposons trois solutions :
- Lisez le livre 😉
- ET lisez notre article
- Plongez-vous dans notre toolbox qui répertorie plein d’outils qui peuvent etre utiles
- Mais le plus simple reste de nous écrire ! On vous filera un coup de main : email en bas de l’article 👇
Les tests utilisateurs
Et maintenant, il faut tester de votre solution auprès de vos clients. C’est essentiel et apporte des informations précieuses, en particulier en terme d’ergonomie, de contenu, et d’amélioration du parcours.
Si vous voulez faire un produit “parfait” il faut passer moins de temps à construire et plus de temps à tester (contre-intuitif n’est-ce pas ?)… il faut donc très bien savoir le faire !
Une parfaite transition pour vous dire qu’on expliquera notre point de vue là-dessus dans notre article suivant.
Après toutes ces éloges, on n’est pas non plus d’accord de bout en bout avec le Design Sprint. Il y a plusieurs choses qui méritent améliorations, notamment lorsque vous êtes une large PME, un grand groupe, ou un entrepreneur qui débute.
On vous conseille donc de lire notre prochain article sur les améliorations et adaptation qu’on apporte quotidiennement au Design Sprint dans nos propres workshops.
C’est par ici 👉 : Le Design Sprint aurait des défauts !
PS : comme promis, si vous voulez de l’aide pour un prototype : contact@stfu.pro 📧